Notre sœur Pascale partage l’écriture de son icône de sainte Claire réalisée cette année en 2023 avec l’atelier d’icônes de saint François d’Assise.

Introduction :

Cette icône de sainte Claire est une création, ce n’est pas la copie d’un modèle existant. J’ai voulu représenter Claire en tant que fondatrice de l’Ordre des Sœurs Pauvres.

Description générale :

En iconographie, les fondateurs d’Ordre sont toujours représentés tenant le bâtiment : église, monastère, hôpital, abbaye … qu’ils ont fondé. Claire n’est jamais représentée ainsi, à ma connaissance, mais je ne connais pas tout !

Ce qui s’explique sans doute par le fait, qu’au cours des siècles, beaucoup de communautés ont suivi la règle du pape Urbain IV où Claire n’y est pas mentionnée. Claire a surtout été représentée avec la croix, le lys, la palme. Mais ce sont des attributs communs à bien des saints ; puis, tenant une petite lampe allumée en référence à l’évangile des vierges sages (Évangile selon saint Matthieu chap.25 v1 à 13) ; puis, tenant une pyxide, en référence à l’épisode des sarrasins (Vie de sainte Claire de Thomas de Celano Chap 13 § 21). C’est cette représentation qui a dominé car elle a servi durant la contre-réforme, dans une campagne eucharistique, à affirmer la Présence Réelle face aux protestants. J’ai donc eu le désir d’écrire l’icône où Claire soit célébrée en tant que fondatrice de notre Ordre. Elle tient dans sa main droite le monastère de Saint Damien (situé en contre-bas d’Assise).

Je n’ai pas représenté une Claire juvénile qui s’élance dans l’élan du printemps franciscain mais une femme mûre, qui a dû lutter plus de 40 ans pour tenir son projet de vie en pauvreté. J’ai voulu faire un visage déterminé, qui peut même paraître un peu sévère. Cette sainte Claire est une battante qui a tenu tête aux papes eux-mêmes pour protéger saint Damien de la richesse.

Citation d’un extrait de la seconde lettre de sainte Claire à Agnès de Prague v11, 14, 17-18 :

« Souviens-toi de ta vocation […]; ne recule jamais. […] Ne te fie pas et ne te livre pas à quiconque voudrait te détourner de ta vocation, entraver ta course, et t’empêcher d ‘être fidèle au Très-Haut […]. Et si quelqu’un te dit ou te suggère d’autres initiatives contraires à notre forme de perfection ou opposées à notre divine vocation, ne suis pas ses conseils, même s’ils proviennent d’un personnage très haut placé : c’est au Christ pauvre que, vierge pauvre, tu dois rester attachée. »

C’est pourquoi sur cette icône Claire est revêtue de l’habit royal de la pauvreté. Son manteau est de couleur délavée, sa robe terne et usée. Les vêtements colorés étant très couteux et réservés aux nobles et aux bourgeois.

De la forme de vie de sainte Claire Chapitre 2 verset 18 :

« Et pour l’amour de l’Enfant très saint et bien-aimé, entouré de pauvres langes et couché dans une crèche, et pour l’amour de sa très sainte Mère, je supplie mes sœurs et je les y exhorte, de porter toujours des vêtements grossiers. »

Du procès de canonisation, sœur Benvénuta témoigne :

« Claire se contentait d’une seule tunique de laine rèche avec un manteau. Et si elle remarquait une sœur ayant une tunique plus grossière, aussitôt elle la prenait pour elle et donnait à la sœur la sienne qui était meilleure. »

Dans sa main gauche, Claire tient un Tau pour signifier l’appartenance des sœurs à la famille de saint François, pour rappeler aussi que Claire a fait profession (c’est-à-dire, c’est engagée pour toujours) dans les mains de François ainsi que sa jeune sœur Agnès et les quatre premières sœurs de saint Damien. A l’origine, il n’y avait donc qu’une seule fraternité de frères et de sœurs. Claire a dû lutter pied à pied pour maintenir saint Damien dans le giron franciscain.

De la vie de Claire par Thomas de Celano au chapitre 23 :

« Le pape Grégoire IX prit un jour une mesure interdisant à tout frère mineur l’accès des monastères de clarisses sans sa permission expresse1. Claire, considérant que ses filles ne recevraient plus que très rarement désormais la parole de Dieu qui était le pain de leur âme, s’écria en gémissant : « Eh bien! qu’il les enlève donc tous, puisqu’il nous prive de ceux qui nous procurent la nourriture de Vie! » Et aussitôt elle renvoya au Ministre tous les frères, refusant de garder les quêteurs qui apportaient le pain du corps, puisqu’elle ne pouvait plus garder ceux qui l’approvisionnaient en nourriture pour l’âme. A cette nouvelle, le pape revint sur sa défense, et remit toute l’affaire entre les mains du Ministre général. »

L’index de la main gauche de Claire pointe discrètement une direction vers le bas comme pour nous orienter à la fois vers l’humilité et la pauvreté et vers l’avenir d’un nouveau printemps franciscain à inventer.

Articles recommandés

Vous n'êtes pas connecté à internet